Ils sont beaux, ils sont forts et ils sauvent des vies. Les chiens de sauvetage dans l’eau fascinent depuis toujours. Comment sont-ils formés et existe-t-il des races prédisposées ? Entretien réalisé auprès de Julien Savary, Président de l’Amicale Neuchâteloise des Chiens de Sauvetage Aquatique (ANCSA)
Par Adeline Beijns
Quelle est la mission des chiens de sauvetage aquatique ?
Le chien est avant tout utilisé pour aider le sauveteur à ramener la personne en difficulté sur le rivage. Le chien n’a jamais de contact avec la personne en difficulté car il y a un risque que cette dernière s’y accroche et noie le chien. Le chien peut être également amené à tirer ou à mener une embarcation mais il s’agit là plus d’exercice de force qu’un exercice de sauvetage réel.
Quelle est l’origine du recours aux chiens pour le sauvetage dans l’eau ?
L’origine vient des pêcheurs qui avaient des chiens sur les bateaux afin d’aller récupérer les personnes qui étaient passées par-dessus bord. Par la suite, cette tradition s’est perpétuée et les chiens ont été de plus en plus présents pour récupérer les filets et les malheureux qui tombaient à l’eau. En Suisse, cette discipline a été importée par un groupe de mordus qui ont été se former en France
Existe-t-il des races prédisposées à ce genre de discipline ?
Les races prédisposées sont les races d’eau comme le terre-neuve, le golden retriever, le chien d’eau portugais, etc. Mais tous les chiens sont capables de faire ce travail pour autant qu’ils aiment l’eau. La différence entre les races repose évidemment dans la force physique et la résistance au froid. Le terre-neuve a des sous-poils qui le protègent de la froideur de l’eau.
Il est également doué pour suivre les courants et il s’évite ainsi des efforts inutiles en nageant à contre-courant. Mais quel que soit le chien, il est nécessaire de travailler régulièrement pour le renforcer musculairement.
Comment forme-t-on un tel chien ?
La première étape consiste à habituer le chien à l’eau. Tous les chiens ont une capacité à revenir sur le rivage mais tous ne savent pas forcément nager. Le but est de lui apprendre à nager correctement, c’est-à-dire que le dos soit plat. Pour se faire, le propriétaire peut aider son chien en lui remontant l’arrière-train. Une fois que cette première étape est passée. Nous leur apprenons à aller chercher des objets flottants et à les ramener au bord.
Ensuite, nous apprenons aux chiens, différents exercices de rapport avec une planche à voile, un bateau, une bouée de sauvetage. En parallèle, nous habituons le chien à nager à côté de son propriétaire. Le but est que le chien nage à côté et n’essaie pas de grimper sur la personne. Ce travail se fait progressivement avec une marche dans l’eau alors que le chien nage, puis avec une nage du propriétaire et du chien.
Enfin, nous apprenons aux chiens des exercices plus compliqués comme apporter une bouée de sauvetage à une personne en difficulté. Le chien a l’habitude d’aller chercher un objet et de le ramener au bord, tandis que là le but est de partir du bord pour aller amener un objet et revenir avec. Durant nos entraînements, nous habituons également les chiens au bateau et nous leur apprenons à sauter du bateau.
Le but est également d’apprendre au chien à nager derrière le bateau sur différentes distances qui peuvent aller jusqu’à 400m. Pour préparer un chien complétement, nous comptons deux à trois ans de travail régulier.
Contrairement à certains autres pays comme la France, les chiens formés en Suisse ne sont pas encore utilisés lors d’interventions réelles, pourquoi ?
En Suisse, cette activité est plus vue comme une activité sportive canine au même titre que l’agility. Contrairement à nos voisins, chez nous, le travail à l’eau est ouvert à toutes les races. Cette différence implique que les chiens de « sauvetage » ne sont pas utilisés sur nos plages.
Est-ce que cela devrait changer ?
Je ne pense pas que cela devrait changer car cela demande un investissement supplémentaire tant au niveau financier qu’au niveau de la formation des tandems. Surveiller des plages demande une présence continue et une formation complémentaire pour le propriétaire. Aujourd’hui, nous faisons du travail à l’eau et nous n’avons pas de brevet de sauvetage en lac.
En France, les sauveteurs sont payés, formés et sélectionnés pour effectuer cette tâche. En Italie, c’est la protection civile qui est investie de cette tâche. Pour que cela change en Suisse, il faudrait un changement au niveau de la Confédération et que toutes les activités de sauvetage (avalanche, recherche, etc..) avec les chiens ne soient plus effectuées bénévolement.
Restez vigilant lors de vos baignades !
