
Nos ancêtres ont prêté toutes sortes de pouvoirs démoniaques aux animaux imposants qu’ils ne pouvaient contrôler. Persécutant ces démons pour protéger tant les hommes que les troupeaux, les pauvres bêtes dont le loup, le gypaète barbu et le sanglier avaient (presque) disparu d’Europe occidentale au siècle dernier, les reléguant au rang d’ « animaux légendaires ». Fort heureusement, ces animaux repeuplent à nouveau nos contrées.
Par Adeline Beijns et Coralie Shmag
Le loup : adoré et persécuté
Un tueur assoiffé de sang. Tel était la description de ce canidé. De tous les animaux, le loup est probablement celui pour lequel le comportement des hommes est le plus ambivalent. Symbole de la fécondité voire mère protectrice de Romulus et Rémus dans la Rome Antique, le loup a pourtant été persécuté pour les dangers qu’il représentait pour les populations et les élevages. Il y a un peu plus de 100 ans, le dernier loup de Suisse a été abattu après une vaste campagne visant à les éradiquer dans toute l’Europe centrale. Aujourd’hui, il y aurait entre 30 et 35 loups en Suisse.

Un rapace qui a du style
Ils mangent les morts. Voilà probablement une raison suffisante pour leur mauvaise réputation. Avec une taille qui varie entre 1,10 m à 1,50 m de la tête à la queue et un poids de 5 à 7 kg, le gypaète barbu est l’un des plus grands rapaces d’Europe. Ce charognard qui se nourrit presque exclusivement de squelettes de moutons, de chamois et d’autres animaux de taille moyenne morts est la seule espèce d’oiseau connue qui teint délibérément son plumage en prenant des bains de boue riche en oxydes de fer. Ainsi, les biologistes affirment que les plumes rouge-orange qu’ils arborent fièrement sur leur poitrail et sur leur tête, est un symbole de statut.

Persécuté jusqu’à l’extinction, le gypaète barbu avait disparu de nos régions mais grâce à des programmes de réintégration, 100 couples reproducteurs vivraient aujourd’hui en Europe.
Bête courageuse ou démon ?
Longtemps persécuté car associé à la sorcellerie et dévastant les cultures, le sanglier est un autre exemple d’animal pour lequel les hommes ont des sentiments contradictoires. Tantôt vénéré et hissé en symbole de courage en temps de guerre, tantôt chassé car représentant le Mal dans la tradition chrétienne, le sanglier était, pour les Gaulois, dédié à Lug, dieu suprême de la mythologie celtique. Aujourd’hui, il est un animal qui se porte plutôt bien même si sa population reste régulée pour limiter les dégâts qu’il peut occasionner.

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