
Certains malheureux incidents ont récemment mis en lumière la cohabitation, parfois difficile, entre les vaches et les randonneurs en montagne. Quels comportements faut-il adopter lorsque l’on croise un troupeau sur un sentier de randonnée ? La plupart relève du bon sens et du respect. Entretien réalisé auprès de Grégoire Bonvin, Enseignant à l’Ecole d’Agriculture du Valais – Châteauneuf
Par Adeline Beijns
Au début de l’été a lieu la traditionnelle montée des vaches à l’alpage, d’où vient cette tradition ?
Il s’agit d’une tradition ancestrale, les premières traces de montée à l’alpage du bétail, remontent à 2000 ans avant notre ère. Pour des raisons avant tout économiques, entre la fin du mois de mai et la fin du mois d’août, les bêtes montent en altitude pour avoir accès à des pâturages frais et abondants,

Ces vaches semblent pour la plupart être laissées en relative autonomie à l’alpage, est-ce vraiment le cas ?
Oui et non, cela dépend avant tout du type de troupeau. Ce dernier doit être régulièrement contrôlé par les exploitants, c’est prévu ainsi par la législation en matière de protection des animaux, mais il existe des différences selon qu’il s’agisse de vaches laitières ou non.
Quels sont les différents types de vaches que l’on peut rencontrer à l’alpage ? Comment décririez-vous leur tempérament ?
Il en existe principalement trois à savoir, les vaches laitières, les vaches allaitantes et les génisses. Les vaches laitières sont celles qui ont le plus de contacts avec l’homme puisqu’elles sont traites deux fois par jour, matin et soir. Elles sont déplacées en fonction de la disponibilité de l’herbe et sont maintenues dans des parcs relativement petits en suivant la pousse de l’herbe. Leur tempérament est calme et docile et elles sont habituées à la présence quotidienne de l’homme ; elles ne présentent ainsi pas la moindre agressivité.

Cela est différent pour les vaches allaitantes qui vivent avec leur veau qu’elles élèvent et protègent. Ces animaux sont aussi contrôlés mais moins régulièrement que les vaches laitières ce qui fait qu’ils sont moins habitués à l’homme et peuvent parfois se montrer agressifs surtout lorsque quelqu’un s’approche de leurs petits. Un taureau les accompagne parfois et dans ce cas-là, mieux vaut ne pas s’en approcher. Enfin, en ce qui concerne les génisses qui sont de jeunes vaches qui n’ont pas encore eu de veau, elles sont relativement craintives et s’éloignent généralement à l’approche des promeneurs
Quels sont les principaux dangers auxquels s’exposent les vaches à l’alpage ?
Les conditions météorologiques parfois violentes comme l’orage ou la foudre représentent un danger marqué pour les troupeaux. Ces derniers peuvent s’emballer et tomber d’une falaise ou se blesser sur les terrains escarpés des alpages. Pour les vaches, je dirais que le loup ne constitue pas encore un réel danger en raison de leur taille imposante et du fait qu’elles pâturent les terrains les plus « faciles » des alpages et donc les moins élevés en altitude.

Quels sont les bons comportements à adopter lorsque l’on rencontre ces différentes vaches en montagne ?
Sachant que les exploitants d’alpage laissent généralement libres les chemins de randonnée, je dirais que les bons gestes relèvent avant tout du bon sens. Il s’agit ainsi de refermer les grilles et les portails éventuels que l’on serait amené à franchir, de tenir les chiens en laisse, de contourner les troupeaux et de ne surtout pas s’approcher des veaux même s’ils sont mignons.

Outre ces recommandations de base, il est conseillé de ne pas nourrir les animaux car cela peut être dangereux pour leur santé mais aussi de ne pas sortir des chemins de randonnée balisés pour préserver la flore et la faune sauvages. Enfin, on n’y pense pas toujours mais les déjections de chiens dans les pâturages peuvent causer des avortements chez les vaches. Il convient donc de ramasser les crottes de son chien même si on est en pleine nature.
Adoptez les bons gestes, c’est vachement simple !
