
Bien que les femmes restent sous-représentées dans les compétitions équestres de haut niveau, la plupart des cavaliers sont en réalité des cavalières. Comment se fait-il que ce sport soit aussi féminin ?
Par Adeline Beijns
Une discipline qui s’ouvrent aux femmes
Deuxième sport le plus pratiqué par les femmes après le ski en Suisse, l’équitation est un sport qui au cours du siècle dernier s’est fortement féminisé. Longtemps réservée aux hommes qui amenaient leur monture au combat ou dans les champs, la pratique équestre a connu un véritablement bouleversement dès la fin de la seconde guerre mondiale. En effet, dès ce moment, le cheval est progressivement retiré des champs et cesse d’être considéré comme une simple bête de labeur. Il devient un compagnon de vie voire un ami à qui les femmes peuvent se confier. Les mentalités changent peu à peu et les femmes sont admises aux Jeux olympiques en 1952 pour le dressage, 1956 pour le saut et 1964 pour le concours complet.

Complicité
Il est vrai que l’équitation est l’un des rares sports dans lequel hommes et femmes luttent à armes égales. Est-ce la raison pour laquelle les femmes y sont sur-représentées ? « Ce qui compte pour moi, ce n’est pas l’aspect sportif mais plutôt la connexion que j’ai développée avec mon cheval Titouan » confie Emilie, 17 ans et pratiquant l’équitation depuis déjà 10 ans. Plusieurs fois par semaine, la jeune fille s’occupe de Titouan, son ami, qu’elle « aime bichonner dans son box ». Grand et protecteur, l’équidé l’apaise et lui permet de se « sentir en sécurité à ses côtés ». Selon elle, « la confiance mutuelle nous permet d’accomplir énormément de choses ».
Mais qui dit confiance, dit aussi responsabilités. Et c’est peut-être là, face aux contraintes régulières de nettoyage et des soins, que les (jeunes) hommes se défilent et se tournent vers d’autres sports qui impliquent moins d’obligations. Les femmes, elles, y voient « plutôt une manière d’entretenir la complicité avec l’animal » selon Emilie.

Cette complicité pourrait également s’expliquer par le fait que les femmes acceptent beaucoup plus facilement leurs émotions, qu’elles doivent canaliser ou non par l’intermédiaire du cheval. Beaucoup plus intuitives et empathiques que la gent masculine, les filles développeraient également une meilleure communication avec l’animal.
L’Histoire comme témoin
Quelles que soient les raisons de cette amitié, jamais un animal n’a autant accompagné, au fil des siècles, les femmes que le cheval. Ainsi, l’histoire des Amazones, ces femmes guerrières légendaires de l’Antiquité grecque, qui portaient le pantalon et montaient à cheval tout en tirant à l’arc ou en maniant la lance, a traversé les temps. Elle a même donné son nom à la pratique de « monter en amazone » qui signifie chevaucher avec les deux jambes du même côté du cheval. On ne compte plus non plus les récits des reines et artistes qui chevauchaient pendant des heures comme Frédégonde, Jeanne d’Arc, l’Impératrice Sissi ou encore Colette et George Sand. Alfred Jarry, dans ses Pensées hippiques, avait bien raison « la plus noble conquête du cheval, c’est la femme ».

Prenez soins de votre compagnon !
